Je me suis retrouvée il y a quelques jours dans une situation que je pensais humiliante. Une femme vient s’asseoir près de moi et nous entamons une conversation. D’origine marocaine avec un Bac + 4, elle a une licence en littérature et de l’expérience en administration. Son mari est médecin. Ici au Québec, suite à ses 16 années d’étude, on lui donne une équivalence de secondaire 2. Son mari, nous connaissons son histoire de non-reconnaissance déjà.

La vie a eu l’art de mettre en perspective l’humiliation que je croyais vivre ce jour-là. Peu importe le pays d’où l’on vient, quand on a étudié pendant 16 ans, notre réflexion est plus avancée qu’un jeune étudiant de secondaire 2 au Québec. Je serais prête à gager sur ce fait.

Une bonne réflexion de société?  Comment pouvons-nous croire que nous réussirons à construire une société juste et dynamique si la vie de ceux qui arrivent pour se joindre à nous commence par une humiliation?   Il doit y avoir une façon plus stimulante de dire bienvenue.

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Puis sur une autre ordre d’idée, je réalise que je suis toujours dans le mode « voyage »

J’arrive devant la nouvelle bibliothèque de mon nouveau quartier à Montréal. Le terrassement n’a pas encore été fait alors ça fait genre terrain vague devant.  En stationnant ma bicyclette j’ai eu automatiquement l’instinct de regarder si personne n’avait fait ses besoins afin d’éviter de mettre le pied dans de la merde. Et soudain, je me suis rappelée que j’étais à Montréal.

Il y a tout de même 1,1 milliard de personnes qui font leurs besoin en plein air dans le monde!

Photo: « shitting field » dans le bidonville d’Haïti. Ce jour-là j’ai eu peur au moment où je devrais me joindre à la foule.