Le 8 mars j’ai pris la parole devant les étudiants en droit de l’Université de North Cap (NCU) à Delhi – Gurgeon. J’étais à ce moment félicité et invitée d’honneur de Indian Bar Association. (INBA – L’association du Barreau en Inde). Le sujet de cette journée: « Women empowerment ».

Le sujet de la femme en Inde a certainement déjà toute une bibliothèque pour nous éclairer. Mais j’ose ouvrir cette nouvelle catégorie: femmes

Deux semaines après mon arrive en Inde j’ai pris la direction de Mysore. Une belle petite ville de moins d’un million d’habitants avec la réputation d’être le plus propre du pays mais malheureusement d’être trop proche de Bengalore pour garder, à l’avenir, tout son charme. Cela parce que la corruption ne permet aucun espoir en ce sens. Puis si les entreprises IT qui commencent à s’y installer, continuent à se soucier de personnes d’autres que leur petits environnement qui est déjà beaucoup trop grand.

Ville historique, de cette histoire d’avant les anglais et avant que l’Inde soit l’Inde. Belle petite ville universitaire, je suis allée au département d’anthropologie de l’Université de Mysore. Je voulais discuter les considérations que je devais prendre pour choisir une famille. J’espérais aussi trouver « une » interprète, curieuse de la situation de sa société pour m’accompagner lors de ma visite dans ma toute première famille indienne.

Université de Mysore, India

J’ai trouvé une étudiante au doctorat.  Une jeune femme d’une trentaine d’années dont le mariage était prévu pour le mois de mars. Les femmes éduquées veulent se marier plus tard dans la vie. Éduquée ou pas, elle désire aussi n’avoir qu’un enfant. En fait, j’en ai trouvé deux. Une était mariée avec un jeune enfant. J’ai senti que les deux était heureuses d’avoir l’opportunité de faire « du terrain ».

Je voulais organiser l’emploi du temps selon ma méthode de travail. J’habite dans une famille mais je veux que l’interprète dorme ailleurs dans le village, la campagne, mais tout de même, pas trop loin. Un invité c’est beaucoup mais deux c’est trop.

Les heures idéales pour faciliter la discussion sont pendant la préparation des repas ou le soir pendant et après diner. Le matin est le temps pour observer en silence le « lancement  » de la journée. Chaque membre de la famille se prépare à quelque chose. Ce préparer à ne rien faire est une activité assez rare et pour les plages de Goa.

Le lendemain de notre rencontre, la nouvelle est tombée. Une ne pouvait pas laisser son enfant de deux ans seul avec son père, que ferait-il sans elle ? Les parents de l’autre ne voulaient pas qu’elle dorme à l’extérieure. « Le terrain » c’est près de la maison et durant les heures ensoleillées. Il faudrait entrer à la maison tous les soirs et ne pas être seule pendant les déplacements. Il faudrait une accompagnatrice pour le trajet de 40 kilomètres à faire matin et soir. Que ce soit avec chauffeur ou en bus.

 

 

 

Même avec le chauffeur, référé par le chef du département? Le même chauffeur qui conduit les élèves dans leurs recherches terrains? Oui même avec lui « il y a tout de même UN risque » m’a dit la jeune femme. « Vous avez lu, il y a quelques semaines encore, une jeune femme qui travaillait la nuit pour une compagnie d’Amérique. Elles ont un chauffeur attitré pour raccompagner les femmes saines et sauves à la maison après le travail. Malgré ça, elle s’est fait agresser par lui et 4 de ses amis qui attendaient quelque part sur la route. Puis cette autre histoire de Delhi dont on a parlé dans le monde entier et qui reste dans les consciences marquées aux fers… rouges de sangs et de douleurs. Ce sang qui coule sur les pages des journaux tous les jours, toutes les semaines.

Les hommes sont-ils devenu fous ou est-ce que c’est parce qu’on nous dit tout sur eux et qu’ils ne peuvent plus cacher leurs vices.  Malgré ces événements marquant, je crois que nous sommes à l’aube de l’éveil de l’homme. Pour changer nos relations, il va falloir prendre des risques.  Il est vrai, que si nous prenons des risques, il peut arriver des événements désagréables. C’est aussi de prendre le risque de vivre des moments agréables, surprenants et de grandes aventures. C’est notre attitude devant ses événements qui nous permet de mieux nous connaître.

Nous prenons vie dans le risque. Chaque jour je risque de changer. Je prends le risque de transformer une partie de moi-même. Je prends le risque de planter des graines et de créer le « Big Bang » de la conscience humaine.

J’ai pris beaucoup de risques mais j’ai été très peu souvent imprudente et téméraire.

Non, elle ne prendra pas de risque cette jeune femme. Elle ne peut pas, ce n’est pas permis. « Tes parents t’en empêchent et après eux, ton mari le fera »  dit-elle résignée à son sort.

Au téléphone dans les champs…

J’ai accepté les conditions de travail comme elle sa condition de femme.   Je  n’avais pas vraiment de choix et c’était une décision du moment. « Il n’y a personne d’autre et ça sera ainsi avec toutes les femmes. »  Ceci a fait qu’elle n’était pas là aux moments propices à la discussion. J’ai finalement téléphoné à l’université et  fait appel à un homme. Quelqu’un qui pouvait sortir une fois la nuit tombée et qui me permettrait de jaser avec les membres de ma famille en fin de journée. Le seul moment possible après les longues heures aux champs a récolter le riz. J’arrivais dans la famille au moment des récoltes et les journées de travail ne laissaient peu de temps au bavardage.

J’avais hâte de retrouver Sucharita à Bangalore afin d’éclaircir mes  questions sur  la femme indienne et la gestion du risque. Femmes d’affaires qui se fait un devoir d’aider les femmes indiennes à monter leur entreprise.  Je voulais savoir si  je peux prendre le risque d’écrire: en Inde les femmes prennent difficilement des risques.  Elle ne prennent pas celui de sortir après la nuit tombée. (Moi non plus! ) Quand elles se lancent en affaires,  ça ne sont que des petits risques financiers. Pour les grands, il y toujours un homme avec lequel il est nécessaire de discuter de ses choix. Un mari, un père, un frère.