Après discussion au département d’anthropologie à l’université de Mysore je chercherais une famille dans un village où les fermiers cultiveraient la canne à sucre. En Inde encore 70% de la population est rurale et je voulais savoir qui cultivait quoi et où. Le Karnataka est reconnu pour la canne à sucre. Je pourrais visiter une famille qui cultive le riz au Tamil Nadu m’ont-il dit.
« Oui oui il y aura des familles qui cultivent la canne à sucre dans ce village. » Je vois, à sa relation avec son téléphone, que l’homme qui au bout de la large et longue table qui nous parle est un chef. « Nous connaissons tous les villages et tous les fermiers. Nous les accompagnons dans la transitions vers une agriculture biologique » nous dit-il. Plus tard je me suis demandé s’il avait bien compris la demande. Nous arrivons en fin d’après-midi Katte Doddi Village in the Mandya taluk (district).
Nous y trouvons notre personne contact et faisons part à notre contact du projet et de ce que je recherche. Il n’y a que deux familles qui récoltent la canne à sucre en ce moment dans le village. C’est l’usine qui décide l’heure de leur récolte. L’usine leur à dit quand planter et l’usine appel quand c’est le temps de la récolte. Toutefois cette année elle tarde car les usines n’ont pas encore payé la récolte de l’an passé. Les fermiers ne sont pas contents mais rien ne change malgré les contestations. Les usines appartiennent aux politiciens et les fermiers se plaignent de la corruption qui entoure tout ce qui concerne le marché de la canne à sucre.
Mais c’est un fait, les usines ont de moins en moins de revenus parce que dans le monde, on mange de moins en moins de sucre. La répercussion directe de nos choix alimentaires dû à nos connaissances sur la santé. Nous ne devrions pas être surpris que notre santé soit directement lié à la vie des paysans. Ici en Inde, le diabète est un problème majeur. Peut-être un jour, plus de canne à sucre, qui sait. Un peu tristement, les paysans pensent de plus en plus à tourner le dos à cette belle récolte « pour paresseux ». Une récolte par année et pas beaucoup à faire entre la plantation et la récolte. C’était le bon temps!
Nous attendons le retour à la maison et j’observe les villageois qui entrent des champs, des usines, des villes. Visitons ces deux familles. Nous arrivons dans la première famille au moment où ils reçoivent. Les gens viennent prier avec eux les 3 mois de la mort par suicide de leur fille de 20 ans. Ils ne se sentent pas capable de me recevoir pendant cette période. Je suis d’accord. Je n’ai pas ma place dans ces moments de grande et douleureuse intimité.
La raison du suicide, on n’en parle pas. Une peine d’amour. Un mariage organisé mais pas désirer. Un crime d’honneur transformé en suicide. De ça aussi il y en a beaucoup. Qui sait? On n’ose pas en parler.
La deuxième famille est à faire des rénovations dans leur maison et habite avec la mère et le frère du mari pendant les travaux. Les feux belles-soeurs ne s’entendent pas. Une glisse à l’oreille de l’interprète de ne pas venir habiter là car il y a discorde dans cette famille. Ces petites parenthèses dans les oreilles des interprètes sont importantes.
« Pour le moment la majorité est à récolter le riz » me dit-on. Joli conseil monsieur. Vous connaissez bien vos villages! Mais je ne ferai pas sonner votre beau téléphone pour vous dire cela. L’interprète et sa compagne (lire prendre des risques) sont impatientes de retourner à Mysore. Elles savent que leurs familles vont s’inquiéter. Le chauffeur attend près de sa voiture. Aies-je les moyens financiers de le faire revenir une autre journée afin de recommencer les rendez-vous et les visites de villages? C’est le début du voyage et si on regarde tout ça sur une feuille excel auprès d’un comptable, ce que je veux accomplir dans les cinq prochains mois est irréalisable. Je dois prendre une décision. Continuons à regarder tout ça avec les yeux du coeur.
C’est ma première expérience en Inde et je réaliserai petit a petit que de trouver ce que je cherche ne sera pas facile. J’ai besoin de m’imposer un peu. La négociation est un talent ici. Aussi quand quelqu’un veut que j’aille vivre chez un frère ou un cousin, je dois savoir résister et refuser s’ils n’entrent pas dans les critères. Je sais que je ne me fais pas toujours des amis. mais ce sont des familles que je cherche.
Rare sont les paysans qui n’ont qu’un type de récolte. Je couvrirai la récolte du riz et nous verrons plus tard. J’ai choisi la famille de Chandra Shakar, fils de Chenne Growda, parce que pendant que j’étais chez son frère à attendre, je l’observais lui, son fils, son beau-frère à aller et revenir des champs. Je voyais la maison traditionnelle, la petite rue du village et tout ce beau monde travaillait fort tout en me paraissant très sympa. Puis un fils de 19 ans qui ne veut plus être paysan et qui rêve de technologie et de vie à la ville. Une fille de 15 ans dont personne ne sait dans quel cerveau se trouve son destin. J’avais devant moi ma famille.
Chez les Shakar, il y avait une histoire de femmes (a lire)
Note: Tous les textes des familles se trouveront sur un nouveau site. A suivre bientôt.